December 14 2021 to January 4 2022
Emma Woffenden
Catherine Radosa
Ruth Maclennan
There are many rituals surrounding the Russian banya. As I was told it is just the place to bathe, in villages that used to have no running water. But it is also a place and time to take care of yourself and others. Beating each other with moistened venniki, often bunches of birch leaves, makes your skin tingle and increases the heat. The wooden house in the village I stayed in had two banyas (and no running water). There was a white banya (po belomu) where the wood-stove has a chimney, and an old-fashioned black banya (po chornomu) without a chimney where the smoke settles in the room and the soot cleans your skin. The banya is also a place for foretelling the future. Sergei Kulikov, a historian I met recently, told me that the banya was traditionally seen as a profane, unclean place because of its pre-Christian, pagan associations with fortune-telling. I made this film together with the artists Albina Mokhryakov and Sofia Skidan.
Anne Dubos
The last person I cared about was my grand-mother.
The day she was sent to the hospice.
I did not care for her. I care about her.
How one can end up his/her life in such an impersonal place?
What brought an entire generation of humans to believe that was possible to erase olden days, older people, vulnerability?
I always wondered about what does it mean to be taken care of by strangers hands, when your life has been devoted to your family.
How could we do that to her?
I tried to help her escape.
I offered to stay with her at her place.
I was never heard.
And she complained to us: « I don’t want to stay here. How can you do that to me? You are my children?».
And I cried, silently.
And I feel ashamed.
I loved her.
Liza Dimbleby
Letter from Glasgow: Waltz no 2.
We used to play in pubs before the pandemic. Ten or twelve of us, some artists, a theatre worker, an academic, social worker and a psychologist. Now we are a touring band. We are quite in demand, at Care Homes and Hospital Departments, for ailments mental and physical. On Sunday we played our Christmas gig at the Neurological Rehabilitation Unit, at the biggest hospital in the city. The doors were opened wide on the small back garden and the sky above the helipad of the vast complex opposite was dense with rain that fell as a fine curtain and then more furiously as we played towards the distant figures in chairs and wheelchairs, looking out.
Aurelia Mihai
Luise Schröder
Manuela Morgaine
Ivana Vollaro
Dettie Flynn
Photograph & Audio
Château aux Ciel (Castle in the Sky) Champtoceaux 49 France
Michelle Deignan
Anne Brunswic
Green lights
50° N, 23° E. Dubicze Cerkiewne, Podlachie, Pologne, frontière avec la Biélorussie. Devant l’entrée d’une maison du village brille une puissante lumière verte. On l’aperçoit de loin lorsqu’en sortant de la forêt on débouche sur la route. Ceux qui sont traqués par la police et l’armée, épuisés par la fatigue, le froid et la faim, menacés de désespoir et de folie ont partagé l’information. Feu vert égale on peut se réchauffer, se restaurer, changer de vêtements, recharger son téléphone portable, piocher dans la trousse à pharmacie.
Depuis l’appel de Feu vert lancé par Kamil Syller, des dizaines de maisons polonaises proches de la frontière biélorusse allument des lumières dont le halo troue la brume gelée et verdit la neige.
En 1943, dans les forêt de Podlachie, se cachaient des groupes épars de partisans, parmi eux des survivants de l’insurrection du ghetto juif de Bialistok. Certains ont trouvé sur leur chemin des maisons où se cacher. La flamme des Justes éclaire encore la nuit.
38°N, 16° E. Riace, Calabre, Italie, Mer ionienne. Domenico Lucano, dit « Mimmo » a fait de son village un havre pour exilés. Les premiers ont échoué sur la plage en 1998. Il les a fait monter au vieux bourg perché sur le contrefort rocheux qui domine la mer. Asphyxié par la mafia, déserté par la jeunesse, Riace dépérissait sous un soleil sans pitié. Les vieux, aussi loin qu’ils pouvaient voir avec leurs lunettes bon marché remboursées par la sécurité sociale, ne voyaient que du temps à tuer. Leurs enfants exilés aux quatre horizons ne venaient plus les voir. Élu maire, Mimmo écrit aux propriétaires absents. Permettez que d’autres s’installent dans vos maisons vides. Ils permettent. Dans les ruelles, on entend parler arabe, somali, ourdou, pachto. Les mains desséchées des vieilles tremblent en se posant sur la toison brune des petits. Les petits font mine de ne pas le remarquer. Humaniste, Mimmo est aussi ambitieux. Pour l’école, pour les échoppes cette jeunesse d’outre-Méditerranée est une bénédiction. Riace revit, d’autres villages calabrais lui emboîtent le pas, des équipes de reportage affluent.
Ce scandale doit cesser. L’État contraint Domenico Lucano à rendre des comptes à l’Italie, à l’Europe tout entière. Le 30 septembre 2021, un tribunal calabrais le condamne à treize ans de prison et au remboursement de diverses subventions pour un montant de 500 000 euros, une peine digne d’un sicaire de la ‘Nrangetta. A Riace, finis les joujoux de Noël.
50°N, 0°O. Brighton, Angleterre, côte de La Manche. 50°N, 1°E, Calais, France, mer du Nord. Dunkerque, 51°N, 2°E, mer du Nord. Briançon, 44°N, 6°E, Alpes… Exilé, pourchassé, consulte ton GPS ou ta boussole. Avec de la chance, tu trouveras là des lumières allumées dans la nuit d’une Europe figée dans la glace. Rigor mortis.
Les jours de fête, un couvert supplémentaire était dressé à la droite de mon grand-père. Nappe blanche amidonnée, chandeliers, argenterie, l’heure était solennelle et mes orteils souffraient dans mes escarpins vernis. J’appris qu’on attendait le prophète Élie. Sous la figure d’un vagabond, il nous viendrait un envoyé de l’Éternel qui nous conduirait vers d’autres cieux. Nous étions nés juifs errants, toujours prêts à faire nos valises. Dans les maisons chrétiennes, on réservait pareillement une place à un hypothétique convive, « la part du pauvre ». Dieu appelait ses créatures à l’altruisme sous le nom de « charité ».
Bonne nouvelle, à la faveur de la crise climatique et de l’effondrement de la biodiversité, on vient de découvrir que l’humanité est une. Mauvaise nouvelle, il n’y aura bientôt plus nulle part où fuir.